Fiche pratique
Prestation compensatoireÂ
Vérifié le 15/06/2022 - Direction de l'information légale et administrative (PremiÚre ministre)
Suite Ă un divorce, pour compenser la diffĂ©rence de niveau de vie, un Ă©poux peut devoir verser Ă l'autre une prestation compensatoire. Elle peut ĂȘtre versĂ©e sous diffĂ©rentes formes. Son montant peut ĂȘtre fixĂ© par les Ă©poux ou le juge aux affaires familiales. En cas de non-paiement, elle peut ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©e par diffĂ©rents moyens. Son montant peut ĂȘtre rĂ©visĂ© sous certaines conditions. En cas de dĂ©cĂšs de l'un des ex-Ă©poux, elle peut ĂȘtre due dans le cadre de la succession.
Le divorce peut créer pour un des époux un changement important de son niveau de vie. La prestation compensatoire est le versement d'une somme qui a pour but de compenser cette situation.
Son montant est fixé en fonction des besoins de l'époux à qui elle est versée et des ressources de l'autre.
Elle peut ĂȘtre due lors d'un divorce par consentement mutuel ou d'un divorce judiciaire.
Le juge peut refuser le versement d'une prestation compensatoire quand le divorce est prononcĂ© aux torts exclusifs de l'Ă©poux qui la rĂ©clame. La rupture du mariage doit s'ĂȘtre faite dans des circonstances particuliĂšres (par exemple, violences conjugales).
En principe, elle est versée sous forme d'un capital dont le montant est fixé par le juge ou par les époux dans une convention.
Ă savoir
la prestation compensatoire ne peut ĂȘtre rĂ©clamĂ©e qu'en cas de divorce. Les concubins et les partenaires de Pacs ont seulement la possibilitĂ© de demander au juge aux affaires familiales (Jaf) des dommages et intĂ©rĂȘts en cas de rupture abusive (par exemple, mise Ă la porte du partenaire sans le prĂ©venir).
L'époux qui s'estime désavantagé du fait du divorce doit formuler une demande de prestation compensatoire.
La demande doit impérativement intervenir au cours de la procédure de divorce.
Une fois le divorce devenu définitif, il n'est plus possible de demander une prestation compensatoire.
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La prestation compensatoire doit figurer dans la convention de divorce établie par les époux et chacun de leurs avocats.
La convention doit prévoir le montant et les conditions de versement. Elle peut également indiquer les conditions de révision ou de suppression de la prestation compensatoire.
Il n'est plus possible de demander cette prestation quand le divorce est enregistré par le notaire.
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Prestation fixée par le juge
La demande doit ĂȘtre formĂ©e par l'avocat dans l'assignation en divorce devant le tribunal ou au cours de procĂ©dure lors du dĂ©pĂŽt de conclusions.
Le Jaf statue sur cette demande dans le jugement. Il en fixe le montant et les conditions de paiement.
Prestation fixée par convention
Lorsque les Ă©poux sont d'accord sur la prestation compensatoire, ils peuvent Ă©tablir une convention. Elle fixe le montant et les conditions de paiement. Elle peut Ă©galement indiquer dans quel cas elle doit ĂȘtre rĂ©visĂ©e ou supprimĂ©e.
La convention est homologuée par le Jaf et annexée au jugement de divorce.
Ă savoir
pour les prestations compensatoires établies par convention, il est possible de prévoir que les versements cesseront à compter de la réalisation d'un événement déterminé (par exemple, en cas de remariage).
La prestation compensatoire est fixée en fonction de la différence de niveau de vie actuel et futur des époux, selon les besoins de l'époux à qui elle est due et des ressources de l'époux qui la verse.
Pour fixer le montant de la prestation compensatoire due par l'un des époux à l'autre, il faut prendre en considération les éléments suivants :
- Durée du mariage
- Age et l'état de santé des époux
- Qualification et situation professionnelles
- Ensemble des revenus de chaque époux
- Conséquences des choix professionnels d'un époux pendant la vie commune pour l'éducation des enfants (temps partiel, mise entre parenthÚses de sa carriÚre...) ou pour favoriser la carriÚre de son époux
- Patrimoine estimé ou prévisible des époux, tant en capital qu'en revenu, aprÚs la liquidation du régime matrimonial
- Droits existants et prévisibles (mise à la retraite prochainement, naissance d'un enfant pour l'époux créancier...)
- Pensions de retraite prévisibles compte tenu de la diminution des droits à retraite pour l'époux qui a consenti des sacrifices professionnels pour favoriser la carriÚre du conjoint ou l'éducation des enfants
Les époux établissent une déclaration sur l'honneur de l'exactitude de leurs ressources, revenus, patrimoine et conditions de vie (par exemple, chÎmage).
En cas de difficultĂ©, le Jaf ou les Ă©poux peuvent faire Ă©valuer le patrimoine de chacun d'entre eux. Cette Ă©valuation peut ĂȘtre faite par tout professionnel qualifiĂ© (par exemple, un notaire, un expert judiciaire).
La prestation compensatoire devient exigible Ă partir du moment oĂč le divorce est dĂ©finitif, c'est-Ă -dire quand il n'est plus possible d'exercer une voie de recours (appel ou pourvoi en cassation).
Si les époux ont signé un acte d'acquiescement de la décision (c'est-à -dire qu'ils acceptent le jugement et renoncent à exercer les voies de recours), elle est exigible à la date de la signature de l'acte.
Dans le cadre d'un divorce par consentement mutuel, elle devient exigible quand la convention est enregistrée chez le notaire.
La prestation compensatoire peut ĂȘtre versĂ©e en :
- Capital (somme d'argent)
- Attribution d'un bien en propriété, d'un droit temporaire (par exemple un droit d'habitation limité dans le temps) ou viager d'usage et d'habitation ou d'usufruit
- Sous forme d'une rente viagĂšre
Versement d'un capital
La prestation compensatoire est versé, en principe, sous forme d'un capital.
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Dans le cadre d'une convention, les époux doivent prévoir la date du versement du capital.
Lorsque c'est le juge qui fixe le montant de la prestation compensatoire, il doit indiquer dans son jugement la date de paiement de celle-ci.
Le paiement de la prestation compensatoire n'est pas lié à la liquidation de la communauté.
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Lorsqu'il n'est pas possible de verser le capital en une seule fois, le jugement ou la convention fixe les conditions de paiement sous forme de versements périodiques.
Les versements peuvent ĂȘtre mensuels, trimestriels, semestriels ou annuels.
Ils sont indexés selon les rÚgles applicables aux pensions alimentaires.
Les versements doivent se faire dans un délai maximum de 8 ans.
A tout moment, l'époux débiteur a la possibilité de solder le capital restant dû si ses capacités financiÚres le lui permettent (par exemple héritage, augmentation du salaire).
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Dans une convention ou par décision du juge, il est possible de combiner un capital versé immédiatement et un capital échelonné.
Les versements échelonnés doivent se faire dans un délai maximum de 8 ans.
Ils sont indexés selon les rÚgles applicables aux pensions alimentaires.
Attribution d'un bien
Exceptionnellement, par jugement ou par convention, un bien peut ĂȘtre attribuĂ© Ă l'Ă©poux bĂ©nĂ©ficiaire de la prestation compensatoire. Il faut que la prestation compensatoire ne puisse pas ĂȘtre versĂ©e sous forme de capital.
Il peut s'agir d'un bien mobilier (par exemple un vĂ©hicule) ou immobilier, correspondant Ă la valeur de la prestation compensatoire. Ce bien peut ĂȘtre un bien de la communautĂ©, un bien en indivision ou un bien propre.
L'accord de l'époux débiteur est exigé pour l'attribution en propriété de biens qu'il a reçus par succession ou donation.
Le bien peut ĂȘtre attribuĂ© en :
- Pleine propriété
- Droit d'usage et d'habitation
- Usufruit
La valeur du bien attribuĂ© au titre de la prestation compensatoire doit ĂȘtre dĂ©terminĂ©e par un professionnel qualifiĂ© (par exemple un notaire, un expert judiciaire).
Versement sous forme de rente viagĂšre
La prestation compensatoire peut ĂȘtre versĂ©e sous forme d'une rente viagĂšre. Ce n'est possible qu'Ă titre exceptionnel lorsque l'Ăąge ou l'Ă©tat de santĂ© de l'Ă©poux qui peut en bĂ©nĂ©ficier ne lui permet pas de subvenir Ă ses besoins.
Lorsqu'elle est demandée devant le Jaf, celui-ci doit motiver sa décision.
Cette rente viagÚre est indexée pour suivre l'évolution du coût de la vie.
Son versement n'est pas limité dans le temps.
Le montant de la rente peut ĂȘtre rĂ©visĂ©, suspendu ou supprimĂ© en fonction de l'Ă©volution des ressources ou des besoins des ex-Ă©poux (par exemple, mise Ă la retraite). Il ne peut pas ĂȘtre supĂ©rieur au montant fixĂ© initialement.
Ă savoir
la prestation compensatoire peut ĂȘtre versĂ©e sous forme d'une rente viagĂšre et d'un capital.
Versement sous forme d'une rente à durée déterminée
Dans le cadre d'un divorce par consentement mutuel, les époux peuvent prévoir que la prestation compensatoire soit versée sous forme d'une rente pour une durée déterminée.
Les versements de cette rente cessent au bout d'un nombre d'année fixé par les époux (par exemple 10 ans) ou à l'occasion d'un événement prévu (par exemple, la mise en retraite de l'époux débiteur).
Elle n'est pas l'échelonnement d'un capital.
En cas de non-paiement de la prestation compensatoire, il est possible d'engager des procédures de recouvrement.
Il faut s'adresser Ă un commissaire de justice (anciennement huissier de justice et commissaire-priseur judiciaire).
L'ex-époux créancier dispose d'un délai de 10 ans pour la récupérer quand elle est payée sous forme d'un capital versé en 1 fois. Le délai débute dÚs que la décision de divorce est devenue définitive.
Pour la prestation compensatoire versée sous forme d'un capital échelonné ou d'une rente, il est possible de demander le paiement des arriérés des 5 derniÚres années.
Le commissaire de justice peut mettre en Ćuvre :
OĂč sâadresser ?
Attention :
la prestation compensatoire versée en capital ne peut pas faire l'objet d'une procédure de paiement direct.
Si le commissaire de justice n'arrive pas à récupérer la prestation compensatoire, l'ex-époux créancier peut saisir la Caf qui procÚde au recouvrement uniquement si la pension alimentaire d'un enfant et la prestation compensatoire ne sont pas payées.
Quand le commissaire de justice ne parvient pas Ă rĂ©cupĂ©rer la prestation compensatoire ou que les conditions ne sont pas remplies pour faire appel Ă la Caf, elle peut ĂȘtre recouvrĂ©e par le TrĂ©sor Public.
En cas de non paiement de la prestation compensatoire, l'ex-Ă©poux crĂ©ancier peut porter plainte. C'est un dĂ©lit d'abandon de famille puni de 2 ans d'emprisonnement et 15 000  âŹd'amende.
Si la mauvaise foi de l'ex-Ă©poux dĂ©biteur entraĂźne un prĂ©judice pour l'ex-Ă©poux crĂ©ancier, ce dernier peut saisir le Jaf pour demander la fixation de dommage-intĂ©rĂȘts compensatoires.
En cas de changement important des ressources ou des besoins de l'un ou l'autre des ex-Ă©poux, la prestation compensatoire peut ĂȘtre rĂ©visĂ©e.
En cas d'accord des ex-Ă©poux, la modification peut se faire par une convention qui doit ĂȘtre homologuĂ©e par le Jaf.
En l'absence d'accord entre les ex-Ă©poux, le Jaf peut ĂȘtre saisi par assignation.
Ces procédures imposent aux ex-époux d'avoir chacun un avocat.
Le Jaf du domicile de l'ex-époux créancier est compétent.
OĂč sâadresser ?
Si l'un des ex-époux n'a pas suffisamment de revenus , il peut demander à bénéficier de l'aide juridictionnelle pour une prise en charge des frais liés à la procédure (avocat, commissaires de justice, expertise....).
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Révision demandée par l'ex-époux créancier
L'ex-époux créancier ne peut pas demander la révision du montant ou des formes de versement du capital.
Révision demandée par l'ex-époux débiteur
L'ex-Ă©poux dĂ©biteur qui justifie d'un changement important dans sa situation ne peut demander que la rĂ©vision du montant des versements ou leur Ă©chelonnement. Le montant initial du capital fixĂ© par le jugement (ou la convention) de divorce ne peut pas ĂȘtre modifiĂ©.
à titre exceptionnel, le juge peut autoriser le versement du capital sur une durée supérieure à 8 ans (par exemple, en cas de perte d'emploi, de difficultés de santé, de charges familiales supplémentaires).
Si ses capacités financiÚres le lui permettent (par exemple, héritage, augmentation du salaire), il peut décider de payer la totalité du capital restant dû lorsque celui-ci est versé en plusieurs fois. Il n'est pas nécessaire de saisir le Jaf pour cette modification.
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La rĂ©vision de la prestation compensatoire peut ĂȘtre demandĂ©e par les 2 ex-Ă©poux.
Il est possible de demander le remplacement d'une rente par un capital.
La rĂ©vision, la suspension ou la suppression de la rente peuvent aussi ĂȘtre demandĂ©es.
Remplacement d'une rente par un capital
L'ex-époux débiteur comme l'ex-époux créancier peuvent demander au juge la transformation de la rente viagÚre en un capital.
Quand l'ex-époux créancier en fait la demande, il doit justifier que la situation de l'ex-époux débiteur permet cette modification (par exemple si l'ex-époux débiteur a hérité d'une somme...)
Quand l'ex-époux débiteur en fait la demande, il doit justifier qu'il n'est plus en mesure de régler la rente et que l'ùge ou l'état de santé de l'ex-époux créancier ne s'oppose pas à cette modification.
Le capital dû est calculé en fonction du montant de la rente annuelle indexée, de l'ùge de l'ex-époux créancier, de son espérance de vie et d'un coefficient.
Exemple
Pour une femme ĂągĂ©e de 60 ans et bĂ©nĂ©ficiant d'une rente viagĂšre de 500 ⏠par mois soit 6 000 âŹ/an, le coefficient applicable est de 15.478 de telle maniĂšre que le montant du capital substituĂ© s'Ă©lĂšve Ă 92 868 âŹ.
Révision, suspension ou suppression
L'ex-époux débiteur comme l'ex-époux créancier peuvent demander la réduction, la suspension ou la suppression de la prestation compensatoire en cas de changement important dans les ressources ou les besoins de l'un ou de l'autre.
La suspension ne peut avoir qu'une durée déterminée.
L'ex-époux créancier dont la rente a été précédemment diminuée peut demander un rétablissement de son montant initial lorsque l'ex-époux débiteur est revenu à meilleure fortune. Dans ce cas, la révision ne peut pas avoir pour effet de porter la rente à un montant supérieur à celui initialement fixé.
Au décÚs de l'ex-époux débiteur, le paiement de la prestation compensatoire est transmis aux héritiers, sauf s'ils renoncent à la succession.
Le solde de la prestation compensatoire devient immédiatement exigible qu'elle soit versée en capital ou sous forme de rente.
La prestation compensatoire est prélevée sur l'actif successoral. Les héritiers ne sont pas obligés de la payer sur leur fonds personnel.
Par acte notariĂ©, les hĂ©ritiers de l'ex-Ă©poux dĂ©biteur peuvent dĂ©cider de maintenir les conditions de rĂšglement fixĂ©es avant son dĂ©cĂšs. Cet acte notariĂ© doit ĂȘtre notifiĂ© Ă l'ex-Ă©poux crĂ©ancier s'il n'est pas prĂ©sent lors de la signature de l'acte chez le notaire.
Dans ce cas, les héritiers de l'ex-époux débiteur doivent payer la prestation sur leurs fonds personnels si l'actif successoral est insuffisant. Ils peuvent se libérer à tout moment du solde du capital restant dû. Ils peuvent demander la révision des conditions de paiement de la prestation compensatoire.
En cas de demande de révision, la procédure se fait par assignation devant le Jaf du domicile de l'ex-époux créancier. L'avocat est obligatoire.
Chaque héritier peut faire une procédure indépendamment des autres (division des dettes) pour sa propre quote-part de prestation compensatoire.
Ă savoir
si l'une des partie n'a pas suffisamment de revenus, elle peut demander à bénéficier de l'aide juridictionnelle pour une prise en charge des frais liés à la procédure (avocat, commissaire de justice...).
L'ex-époux créancier qui souhaite modifier les formes du paiement de la prestation compensatoire peut faire une procédure envers un seul des héritiers de l'ex-époux débiteur.
La procédure se fait par assignation devant le Jaf du domicile de l'ex-époux créancier. L'avocat est obligatoire pour toutes les parties.
Par exemple, l'ex-époux débiteur a plusieurs héritiers issus de différentes unions. L'ex-époux créancier peut accepter la part de la prestation compensatoire due par son enfant commun. Il peut engager une procédure contre un autre héritier (belle-fille, beau-fils) de son ex-époux pour ne plus avoir de relation financiÚre avec lui.
Ă savoir
en cas de dĂ©cĂšs de l'ex-Ă©poux dĂ©biteur, l'ex-Ă©poux survivant peut percevoir une pension de rĂ©version. Celle-ci peut ĂȘtre dĂ©duite de la prestation compensatoire versĂ©e sous forme de rente.
En fonction des formes de versement de la prestation compensatoire, celle-ci peut ĂȘtre dĂ©ductible ou non des impĂŽts de celui qui la verse et imposable ou non pour celui qui la reçoit.
Si la prestation compensatoire est versée dans les 12 mois suivant le jugement, elle n'est pas imposable.
Quand la prestation compensatoire est versée sous forme de rente, elle suit le régime fiscal des pensions alimentaires.
Questions ? Réponses !
Et aussi
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Déclaration fiscale d'une prestation reçue
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Déduction d'une prestation versée
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Justice